samedi 5 avril 2008

"Philippe, prince héritier" (B. Leyts, B. Balfoort et M. Van den Wijngaert)

Après les nombreuses critiques dont il a fait l'objet ces dernières années, le prince héritier Philippe de Belgique a enfin droit à une biographie sérieuse, bien documentée et objective, rédigée par trois auteurs flamands : l'historien Mark Van den Wijngaert, les journalistes Barend Leyts et Brigitte Balfoort. Ils ont bénéficié de l'aide de quatre anciens collaborateurs du Palais (Michel Didisheim, Guido Mertens, Marc Servotte et Gérard Jacques) et du président du Fonds Prince Philippe (Paul Buysse) qui ont, pour la première fois, accepté de parler du prince héritier.

Les premiers chapitres démontrent que le prince Philippe (né en 1960) a eu une formation plus structurée et plus complète que ses prédécesseurs, et qu'il a souffert de la longue crise conjugale entre ses parents. Le temps des précepteurs privés est terminé : Philippe effectue ses études primaires et ses trois premières années secondaires en français au collège Saint-Michel d'Etterbeek, puis ses trois dernières années d'humanité gréco-latines en néerlandais à l'abbaye de Zevenkerken à Loppem. C'est là qu'il rencontre son premier grand amour, Barbara Maselis, une jeune Flamande originaire de Roulers et de deux ans sa cadette.

C'est le roi Baudouin qui choisit la suite de la formation du très docile Philippe : Ecole Royale Militaire de 1978 à 1981, puis passage par la force aérienne et la force terrestre dans le régiment paracommando. Après quelques mois à l'Université d'Oxford, le prince poursuit ses études à l'Université de Stanford en Californie. En 1985, il y obtient le diplôme de Master of Arts en sciences politiques et devient le premier membre de la dynastie à détenir un diplôme universitaire. De son propre aveu, ces deux années incognito de l'autre côté de l'Atlantique constituent l'expérience la plus déterminante de sa jeunesse.

De retour en Belgique, le prince Philippe a une existence austère entre son appartement du palais royal de Bruxelles, ses visites de travail à travers le pays et ses week-ends avec le roi Baudouin, qui a une grande influence sur son neveu. Philippe travaille plusieurs semaines dans un camp de réfugiés en Ethiopie et va soutenir les Diables Rouges lors de la Coupe du Monde au Mexique en 1986. Malgré sa présence répétée aux côtés des souverains et la création de sa propre Maison (avec personnel et dotation), le prince est de plus en plus l'objet de critiques au début des années 90 : on lui reproche sa timidité et ses maladresses en public, on se moque de sa conversation peu intéressante avec l'astronaute Dirk Frimout, on doute de ses capacités intellectuelles ("Il n'en est pas capable", selon l'ancien Grand Maréchal de la Cour Herman Liebaers, qui avait été remercié par le roi Baudouin) et on parle de plus en plus de la charmante princesse Astrid, qui entre désormais dans l'ordre de succession au trône suite à l'abolition de la loi salique en 1991.

En 1993, le roi Baudouin décède, mais à la surprise générale, ce n'est pas son neveu qui lui succède mais son frère. D'après les auteurs de ce livre, le gouvernement fédéral souhaitait l'accession au trône d'Albert II et la reine Fabiola aurait dit à Motril au premier ministre Jean-Luc Dehaene : "C'est exactement ce que le roi Baudouin aurait voulu". Mais, selon les trois auteurs, "Philippe est déçu car, malgré tout, il avait espéré que son père lui céderait la place". Le prince est titré duc de Brabant, devient sénateur de droit et président d'honneur de l'Office Belge du Commerce Extérieur, et crée en 1998 le Fonds Prince Philippe, destiné à organiser des échanges linguistiques entre les trois communautés de notre pays.

Ses fiançailles et son mariage avec Mathilde d'Udekem d'Acoz en 1999 suscitent l'enthousiasme. C'est une vraie Belge : sa famille est originaire de Poperinge en Flandre occidentale, ses deux oncles font de la politique au sein du CVP, elle a grandi près de Bastogne dans les Ardennes, elle a fait ses études et a travaillé comme logopède en région bruxelloise. Les auteurs parlent de Mathilde comme "une perle rare" : "Etre princesse demande surtout une intelligence sociale ; et ce don-là, Mathilde le possède. Elle ne doit faire aucun effort pour se présenter dès le premier jour avec professionnalisme. Elle ne souffre pas des mêmes problèmes d'adaptation qu'ont connus nombre de ses collègues (...) Quant à Mathilde, elle ne semble jamais stressée, au contraire. Elle évolue en public avec un naturel surprenant. A faire pâlir la famille royale. Il n'y a pas à dire, son sens social est nettement plus développé que celui de Philippe. Elle parvient souvent, en fine psychologue, à le tirer de mauvais pas. C'est comme si elle se tenait tapie dans l'ombre pour pousser son époux en avant" (p. 127-128).

Le couple a trois enfants (la princesse Elisabeth, le prince Gabriel et le prince Emmanuel) qui effectuent leurs maternelles et primaires en néerlandais au collège Sint-Jan Berchmans de Bruxelles. Philippe accorde beaucoup d'importance à l'éducation de ses enfants dont il semble très proche. Leur vie privée ne donne lieu à aucun scandale.

Les auteurs reviennent avec objectivité sur les polémiques autour du prince héritier depuis 2002 : l'attribution du diplôme de docteur honoris causa de la K.U.L., les propos contre le Vlaams Belang, la signature d'une liste de revendications de la F.E.B., les réprimandes du premier ministre Guy Verhofstadt, les critiques contre la mission économique en Afrique du Sud et l'altercation avec deux journalistes flamands au palais royal. Ils expliquent ensuite comment le prince et ses collaborateurs ont réagi à ces reproches et comment ils ont réussi à donner un nouvel élan aux missions économiques à l'étranger. Les auteurs conseillent à Philippe de rencontrer régulièrement de façon informelle le monde politique qui ne le connaît qu'à travers les échos (pas souvent positifs) de la presse.

Le dernier chapitre évoque l'évolution de la monarchie depuis l'indépendance de 1830 : la fédéralisation de notre pays et la prise de décisions communes par l'Otan et l'U.E. ont diminué le pouvoir royal au fil des décennies. Le roi des Belges a donc de plus en plus un rôle de représentation. Au terme d'un long et sérieux travail d'investigation, sans jamais prendre parti pour ou contre Philippe, Barend Leyts, Brigitte Balfoort et Mark Van den Wijngaert ont dressé un portrait intéressant, équilibré et humain du prince héritier.

Je n'ai retrouvé qu'une seule petite erreur à la page 22 : la grande-duchesse Joséphine-Charlotte n'est pas née au château du Stuyvenbergh, mais à l'hôtel Bellevue à Bruxelles. Le nombre élevé de témoignages anonymes et l'absence de bibliographie est regrettable.

5 commentaires:

Château La Frite a dit…

Est-ce que cette brillante biographie explique pourquoi Monsieur Flupke de Gelbique possède ses "ailes de pilote" de chasse sans avoir jamais piloté un F16 ni même un ancien Mirage 5 ?
Sait-il seulement piloter un Cessna d'ailleurs ???
Est-ce que cette brillante biographie explique pourquoi ce même Flupke est "diplômé" para-commando sans avoir jamais effectué un saut en parachute ????

Allez, Petit Belge: du sirop, encore du sirop ....

Edmée De Xhavée a dit…

Bon choix, car c'est vrai que le Prince Philippe est mal connu. Je sais qu'il a été stagiaire à la CEE en même temps qu'une de mes amies anglaise, il était très doux et gentil, un peu maladroit. Un jour ils sont sortis "en boite" à plusieurs (avec plusieurs autres stagiaires étrangers) et le videur de la boîte a été désobligeant avec quelqu'un du groupe. Philippe l'a gentiment repris, en lui rappelant que ce n'était pas une façon d'acceuillir les étrangers en Belgique. Je trouve qu'être prince ou princesse de nos jours est facilement critiqué, mais n'est pas enviable du tout.

Château La Frite a dit…

Qu'apprends-je ???
Flupke est allé en boîte !!!
Et qu'en pense Tata Fabiole di Mora y Aragon è Soupalognon y Crouton ????

Quant au fait que la place des Seigneurs soit peu enviable,il vaut mieux entendre cela qu'être sourd.
Nourris, blanchis, logés de belle manière, adulés par une Basse Cour .... il y pire comme situation.
Et qu'on ne vienne pas dire qu'ils travaillent leurs 40 heures/ semaine et qu'ils méritent cela.
De toute façon, s'ils sont si malheureux, qu'ils s'en aillent à Grasse ou ailleurs (en autres siècles, on aurait utilisé d'autres moyens heureusement anchroniques actuellement).
Je ne les retiens pas.

Château La Frite a dit…

Delphine Boël coupe le cordon avec le Roi
Belga

Mis en ligne le 08/04/2008

Dans son livre, Delphine Boël revient sur 40 années de bonheur, mais aussi de tristesse, notent les journaux. Elle parle notamment de la rencontre en Grèce de sa mère, Sybille, et du souverain.
Delphine Boël, la fille illégitime du Roi Albert II, détaille, dans son livre "Couper le cordon" à paraître mercredi, l'ultime conversation téléphonique "très dure" qu'elle a eue avec son père lorsque le scandale de sa filiation a éclaté, relatent mardi les quotidiens du groupe Sud Presse. "Il m'a dit que je ne pouvais plus l'appeler, que je n'étais pas sa fille", écrit Delphine Boël.

La fille illégitime d'Albert II regrette que le roi soit inviolable. "Je ne peux pas aller frapper à la porte du palais et demander son ADN", ajoutant "que tout ce que je veux, c'est que mon père reconnaisse que j'existe".

Dans son livre, Delphine Boël revient sur 40 années de bonheur, mais aussi de tristesse, notent les journaux. Elle parle notamment de la rencontre en Grèce de sa mère, Sybille, et du souverain. "C'était en fait la rencontre de deux petits animaux blessés par des problèmes conjugaux", écrit-elle.

(article pourtant copié sur lalibre.be, très saint media des belgicains NDLR)

PETIT BELGE: Votre analyse VITE ...

Anonyme a dit…

Guter Beitrag, nur Absatz zwei muss ich widersprechen!