mardi 27 mai 2008

Le sculpteur belge Olivier Strebelle aux JO de Pékin

A l'occasion de l'inauguration de son oeuvre "L'allée des athlètes" à Pékin, le sculpteur belge Olivier Strebelle, membre de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, a accordé une interview à la revue "La Lettre des Académies" (2ème trimestre 2008) :

"Comment est né votre projet de sculpture pour les jeux olympiques de Pékin?
- L'impulsion de départ m'a été donnée par Juan Antonio Samaranch rencontré inopinément, un peu par boutade. Il y a 25 ans, il m'a demandé d'imaginer une oeuvre olympique qui pourrait être exposée au musée de Lausanne. C'est suite à cette demande qu'est né le premier projet, la première maquette. Le musée olympique étant trop petit pour y disposer une sculpture de grande taille, le projet n'a pu être concrétisé à l'époque. Par la suite, sept autres projets se sont succédés, ont germé progressivement. Et c'est le dernier qui a conquis les responsables chinois.
- Cette sculpture offre une image très différente selon l'endroit où l'on se place.
- Oui, vue de côté, elle ressemble à de grandes calligraphies complètement abstraites. Il est difficile d'y reconnaître quoi que ce soit. On pourrait la comparer à de la musique, avec des accords, des silences et une tonalité définie sur son ensemble. En fait, j'ai construit une oeuvre comme une grande chorégraphie. Si vous la regardez dans l'axe longitudinal, d'un point précis, vous obtenez par contre une image figurative : cinq personnages soutenant chacun un anneau, cinq personnages de dimensions à peu près identiques, apparaissant de plus en plus petits par l'effet d'éloignement. Quant aux anneaux, qui semblent être d'égales dimensions, ils sont constitués par des éléments de plus en plus grands. Cette sculpture est un puzzle géant, un puzzle spatial. Comme toute oeuvre d'art, chacun la recevra selon sa sensibilité. A mon sens, du point de vue de ce qu'elle exprime, c'est la sculpture qui a le moins besoin d'explications.
- Quelles sont ses caractéristiques techniques principales?
- L'Allée des Athlètes, construite par une usine chinoise de Shanghai, s'étale, en grandeur nature, sur 160 mètres de long. Sa hauteur est de 20 mètres et sa largeur est de 25 mètres. Son poids est de 130 tonnes d'acier inoxydable poli, matériau que j'ai choisi pour sa brillance. Dans la sculpture, il y a 1.500 segments tubulaires de cinq rayons différents, se croisant en 3.000 intersections au moins.
- Quelles ont été les difficultés rencontrées?
- Pour réaliser la maquette, il a fallu placer une caméra dans l'axe longitudinal pour pouvoir contrôler la progression de l'image figurative. Ceci a permis les effets de perspective, les personnages apparaissant de plus en plus petits et les anneaux d'égales dimensions. Par ailleurs, en préalable à la construction sur le terrain, une équipe d'informaticiens et d'ingénieurs ont, grâce à un logiciel sophistiqué, numérisé chacun des segments. Ceci a permis de réaliser les calculs de stabilité et les modifications indispensables. Au fur et à mesure de l'avancement de ces travaux - objets d'une thèse en mathématique - la maquette virtuelle et les plans de l'oeuvre étaient élaborés.
- Sera-t-elle accessible à tous publics lors des jeux?
- Pendant les jeux, le grand public ne pourra pas l'approcher parce qu'elle se situera dans le quartier de la cité olympique hautement gardé. Par contre, la presse pourra y avoir accès. Je pense que des athlètes seront interviewés avec l'image symbolique de la sculpture en arrière fond. Après les jeux, le public pourra y accéder. C'est la seule sculpture qui restera le symbole des jeux après les jeux".

Par ailleurs, si vous voulez recevoir gratuitement la revue trimestrielle "La Lettre des Académies", vous pouvez en faire la demande par mail à : lettre.academies@cfwb.be

1 commentaire:

M a n u a dit…

Je suggère à Olivier Strebelle une nouvelle scuplture pour les Tibetan Olympics