dimanche 2 novembre 2008

L'histoire de la famille Boël

Excepté Delphine Boël, cette riche famille belge est peu connue du grand public et se montre très discrète. Au départ de leur fortune, il y a Gustave Boël (1837-1912) qui est le directeur des Etablissements métallurgiques Ernest Boucquéau à La Louvière. En 1880, le patron lui lègue l'entreprise. Lors de son décès, Gustave Boël emploie 1.800 ouvriers et fait installer deux hauts fourneaux qui produisent 400 tonnes d'acier par jour (Son entreprise est la plus moderne de Belgique). Il a également été bourgmestre de La Louvière, sénateur et administrateur de plusieurs charbonnages. Ses biens comprennent notamment le château du Chenoy à Court-Saint-Etienne et le château Boël qu'il fait construire...rue Gustave Boël à La Louvière!

Durant la première guerre mondiale, les usines Boël arrêtent leur production et sont presque entièrement démantelées par les Allemands. Marthe de Kerchove de Denterghem, l'épouse de Pol-Clovis Boël (fils de Gustave), est condamnée à deux ans de prison pour avoir organisé un service de correspondance entre les soldats belges du front et leur famille. Son mari est envoyé en Allemagne. Marthe présidera ensuite le Conseil National des Femmes Belges et est parfois qualifiée de "féministe aristocrate".

Après la guerre, avec l'aide de son fils René, ingénieur diplômé de l'ULB, Pol-Clovis Boël (1868-1941) reconstruit et modernise l'entreprise familiale. Il est titré baron par le roi Albert Ier pour sa participation à la reconstruction économique du pays et devient vice-président du Sénat. Durant l'entre-deux guerres, les Boël entrent dans les principaux groupes financiers belges (Solvay, Banque de Bruxelles, Société Générale, p.ex.).

La troisième génération des Boël se répartit les tâches : le baron René Boël (1899-1990) veille aux intérêts financiers de la famille et est professeur à l'ULB, Lucien (1903-1999) s'occupe des usines de La Louvière qui fonctionnent normalement durant la deuxième guerre mondiale, tandis que Max (1901-1975), ingénieur agronome et forestier, gère leurs propriétés en Brabant wallon. Par leurs mariages, ils s'allient à d'autres riches familles belges : René Boël épouse Yvonne Solvay en premières noces, puis Mathilde de Jonghe d'Ardoye, tandis que leur soeur Marie-Anne Boël (1909-1996) se marie avec Charles-Emmanuel Janssen, dont la famille est le principal actionnaire d'UCB.

Le baron René Boël sera conseiller du gouvernement belge en exil à Londres durant la deuxième guerre mondiale, puis membre de la délégation belge à Bretton Woods, membre du comité de direction de la Fédération des Industries de Belgique. En 1971, il est titré comte. De ses deux mariages, René a eu cinq enfants : Pol, Antoinette, Yves, Michel (surnommé Mickey) et Jacqueline.

A la quatrième génération, c'est le comte Pol Boël (1923-2007) qui est le chef de la famille. Il a épousé Nicole Davignon (la soeur du vicomte Etienne Davignon, ministre d'Etat et ancien commissaire européen) avec qui il a eu trois enfants : Yvonne, Alec-Paul (décédé en 1988) et Nicolas. Membre du parti libéral, il a siégé au Sénat et au conseil communal de La Louvière. Au cours de sa carrière financière, le comte Pol a été, entre autres, président des Usines Gustave Boël et vice-président de la Fédération des Entreprises de Belgique, mais aussi administrateur de l'Union Wallone des Entreprises, de la Sofina, des Forges de Clabecq, de Cockerill Sambre, etc.

Les médias parlent aujourd'hui régulièrement de Jacques Boël (né en 1929), le cousin de Pol. Sa première épouse la baronne Sybille de Sélys Longchamps a été pendant plusieurs années la maîtresse du roi Albert II. De leur liaison naît en 1968 Delphine qui sera cependant reconnue par Jacques Boël. Le couple divorce en 1978. Outre sa fonction d'administrateur délégué des Usines Gustave Boël, Jacques Boël a été notamment administrateur des Glaces de Charleroi, des Ciments d'Obourg et de l'Union financière Boël. Il habite dans le domaine de Beauregard à Court-Saint-Etienne avec sa deuxième épouse, Diane de Woot de Trixhe de Jannée, une descendante de Philippe le Beau.

C'est dans les années 90 que les Boël (Pol était président du conseil d'administration et Jacques administrateur délégué) vont abandonner la sidérurgie dans le Hainaut : d'abord via un partenariat avec le groupe néerlandais Hoogovens en 1996, puis à travers la cession de l'usine au groupe italo-suisse Duferco en 1999. Désormais, ce sont les holdings financiers de la famille qui sont le moteur de leur fortune (estimée à 818.046.749 euros par le magazine Trends-Tendances en 2005). Avec les Lippens, ils sont également actionnaires d'une importante sucrerie au Congo.

Pour plus d'infos : "La fortune des Boël : un énorme patrimoine et une immense dette sociale" de Marco Van Hees, éditions Aden.

3 commentaires:

Alain a dit…

Très belle biographie, Marco Van Hees je connais bien cette personne.
En tout cas très très bon résumé.
Félicitations.

Anonyme a dit…

L’histoire de la famille Boël ne commence pas et ne finit pas avec Gustave Boël et ses descendants.

Gustave Boël a quitté le village de Roucourt (près de Péruwelz) pour faire fortune ailleurs. Il était d'une branche cadette.
La branche ainée est restée à Roucourt, qui est le berceau de la famille Boël.
Cette branche ainée a donné plusieurs généraux dont un fut le Commandant du 1er Régiment de Guides de Léopold II qui ne l’a finalement pas anobli car il a refusé le poste de gouverneur du Congo que voulait lui confier le Roi.
D'autres généraux ont suivi. Le dernier, le Lieutenant Général Louis Boël (héros des deux dernières guerres mondiales), a eu 5 enfants.
Son fils ainé, le Lieutenant Louis Boël, fut un héros de la résistance (40/45) et est mort dans un camp de concentration en 1945, laissant un fils, Louis Boël, qui, après une carrière d'agronome et de consultant senior (aquaculture, développement durable etc.), journaliste et écrivain dans plus de 78 pays dans le monde, vit actuellement à Tours. Il a deux enfants qui vivent au Royaume Uni.
Le deuxième fils du Lieutenant Général Louis Boël, Paul Boël, volontaire de guerre en 1944, est arrivé en 1947 dans le Kivu (Congo Belge). Il y créa des plantations (café, quinquina) et fut le premier, en Afrique noire, à monter une société de pulvérisation aérienne pour les plantations de l’est du Congo Belge. Ses avions allaient jusqu’au Kenya et en Tanzanie. Après l'indépendance du Congo, au Burundi voisin, il créa la première société de taxi aérien de ce pays. Paul Boël est mort il y a quelques années, en laissant deux fils.
La fille ainée du Lieutenant-Général Louis Boël, Thérèse Boël, épousa le Général Gailly. Un de ses petits fils est conseiller d'un Commissaire européen. Un autre est cadre supérieur chez Fortis. Une de ses petites filles est une musicienne de talent.
La deuxième fille, Louise Boël, épousa le Colonel Georges Martin (Longtemps Président Directeur Général de la Royale Belge) qui fut anobli par le Roi Baudouin Ier. Ils eurent 5 enfants dont l’aîné (Georges) est toujours missionnaire (Père Blanc depuis 1947) au Congo. Un autre fils (Louis) créa, à Goma, le plus important des centres pour handicapés physiques du Congo et, peut-être, d’Afrique noire.
Sa dernière fille, Marie-Clotilde (dite’ Toty’), est décédée il y a presque deux ans à Roucourt. Elle ne s’est jamais mariée. Marie-Clotilde Boël a été très active dans toutes les œuvres charitables de cette région du Hainaut. Elle assura, avec dynamisme, le secrétariat de nombreuses cures de la région. Elle a laissé toutes ses propriétés à la Fondation Roi Baudouin (dont le château familial -8, rue du Lieutenant Louis Boël à Roucourt, à quelques pas de la place Louis Boël) Marie-Clotilde Boël a écrit une histoire de la famille Boël en 7 tomes. Elle écrivit aussi une histoire complète du village de Roucourt.

DELME SERESIA a dit…

Je viens de retrouver une médaille en bronze à l'effigie de la Baronne POL-BOEL avec comme inscription
"LES TEMPS SONT DURS, VOUS ETES LA POUR LES RENDRE MEILLEURS" - 1920 - 1950
Quelqu'un peut-ol m'amener des précisions sur cette baronne. La famille de ma fenne a séjourné à LA LOUVIERE dans les années 50.
sseiler@wanadoo.fr